Les moustaches de Staline, François Cérésa

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Les moustaches de Staline

 

Résumé : Grand Hôtel, Cabourg. Jean tombe par hasard sur Garance, un amour de jeunesse. Est-ce vraiment le hasard ? Ils partent sur les traces du passé. Dans les années 70, pendant les vacances, Yvonne, la mère de Garance, mannequin et écrivain, recevait dans sa villa des artistes et des intellectuels. Avant l’heure de l’apéritif, elle faisait du bronzage intégral dans les dunes. Jean trouvait qu’elle ressemblait à Candice Bergen. Il admirait aussi ses amis. Avec eux, rien n’était banal. Tous étaient amoureux d’Yvonne, mais cela ne le choquait pas puisqu’il l’était aussi. Il n’imaginait pas à quels désastres tout cela mènerait. François Cérésa est journaliste et écrivain. Il a signé une vingtaine d’ouvrages, dont La Vénus aux fleurs (prix Paul-Léautaud), La femme aux cheveux rouges (prix Jean-Freustié) et Les amis de Céleste (prix Joseph- Delteil). Il vient de lancer un mensuel littéraire entièrement rédigé par des écrivains : Service littéraire.

 

Mon avis : de suite, je fus happée par l'ambiance (marine) de ce petit roman aux pages bourrés de noms, prénoms, voir de surnoms, et ponctués de mots au "sens" un peu interrogatif ! Mais passé outre ces faits, le roman est souvoureux, lucide et appréciable à tout point de vue ! C'est un petit bijou de culture musicale, et cinématographique, à la fois poétique et théâtral. Tout ce mélange avec élégance pour faire vivre des personnages d'esprit joueur, révolté parfois et un brin nostalgique aussi...

 

Dans le lot, il y a Yvonne et sa fille Garance. Yvonne vit entre son mari Paul et Tom son amant. Yvonne attire les regards des hommes sur elle. Elle sait leur plaire et elle sait (et veut aussi) profiter de la vie ! Elle joue avec le feu et les sentiments d'autrui, consciente de sa beauté transcandeante, ravageuse qui rend, sa fille Garance un peu, voir beaucoup jalouse de son attitude provocatrice et trop tape à l'oeil ! Yvonne attire le succès, Garance est en la témoin "un peu forcée" et à du coup la nette impression de vivre dans l'ombre de sa mère. Tout débordement de la part de celle-ci s'ajoute à son sentiment de mal-être, en effet, elle vit à côté d'une mère exubérante, cultivée de surcroît, comédienne à ses heures, arrogante et munie de bien d'autres qualificatifs.

 

Jean, appelé "le petit campeur", est irrémédiablement (tout comme son copain David) attiré vers cette muse élégante qui joue autant sur les mots que sur les intonations de sa voix car à l'évidence Yvonne sait s'y prendre avec les hommes... Elle a un avantage, elle est beaucoup plus âgée que les deux garçonnets qui n'en sont qu'à l'âge des premiers émois amoureux et de ses pulsions........ dévastratrices.

 

En somme Les moustaches de Staline se veut un roman un tantinnet élégant et raffiné, même un peu bourgeois sur les bords. Il est écrit de telle façon qu'on passe d'agréables moments de lecture. Entre ses pages, il diffuse aussi quelques petits messages subjectifs, à savoir : 1/ que les années défilent contre vents et marées et qu'il vaut mieux en profiter avant qu'il ne soit trop tard, 2/ que le sens du mot "jeunesse" doit prendre toute sa grandeur face à la beauté subjugante des femmes de passage et 3/ il nous rappelle sans cesse que Jean, l'un des protagonistes attaché à ces 258 pages gardera à jamais dans sa mémoire de bons et savoureux souvenirs de ses vacances à Cabourg.

 

J'aime le titre de ce roman où l'auteur nous explique sa signification au détour d'une page narrative, en effet, Yvonne pourrait être la fille cachée de Staline. Mais cette moustache caractéristique sert aussi à décrire le jardin de la "colline", la belle villa familiale où se déroule l’histoire.

Certes, il faut se concentrer parfois sur cette lecture, faites de mots ambigües et de phrases à la consonnance complexe et déroutante, mais il va de soi que la couverture invite justement à ce qu'on s'attarde à tout cela et qu'on finisse par y prendre goût, en somme de lire comme on croque dans un fruit bien mûr faisant éloge à la fin de notre compréhension face au caractère élaboré de façon audacieuse par l'auteur de ses personnages qui y gravitent sans cesse, et renouvellé de surcroît à chacune de ses pages...

 

Honnêtement, si vous avez envie de vous évader pendant 2 petites après-midi, lisez ce petit bijou scintillant... Pour ma part, c'est ma seconde lecture pour ce roman. La première fois, je l'avais trouvé hasardeuse, un peu complexe, car il est vrai beaucoup de personnages rentrent en ligne de compte. Il y a aussi bon nombre de références cinématographoiques musicales, ou littéraires, bref de quoi s'y perdre... Mais, on sent vraiment que l'auteur maitrise son sujet de bout en bout du roman et c'est cela justement qui m'a tant fasciné !

Donc, pour la deuxième fois, je suis sous le charme de ce petit roman. Il est comme un chant incantatoire, ennivrant, et obsédant... A lire et à relire, donc...

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